
Ce texte a été publié en version abrégée dans le Rapport Mondial de la Fondation Scelles. Conclu en octobre 2018, il n’a été que légèrement modifié avant la publication sur Borazan Sesli en quatre parties. Cette analyse de discours reprend le travail de Kajsa Ekis Ekman dans L’Etre et la Marchandise. J’explique comment la propagande en faveur de la prostitution reprend des éléments d’autres discours politiques dans le but de normaliser la prostitution et de faire adopter la dépénalisation totale du proxénétisme.
En cinq ans, la guerre en Syrie a tout ravagé sur son passage. On ne compte plus les morts : certaines estimations officielles avancent 271 000, d’autres 370 000. Plus de la moitié de la population syrienne a été affectée forçant 4,8 millions de personnes à fuir. La Turquie avoisinante constitue un lieu de refuge non sans danger : on estimait en 2016 le nombre de réfugiés syriens à 2,72 millions[1].
Une de celles-ci, Fatima, est interrogée par une présentatrice de la chaîne britannique BBC en reportage sur le terrain pour découvrir l’état de la prostitution en Turquie. Fatima dit avoir la trentaine mais sa voix entièrement brisée lui en donne beaucoup plus : elle parle avec difficulté, semble agoniser à chaque parole. Le reportage relate un épisode courant selon la femme syrienne de violence quotidienne : des marchands turcs interdisent à la jeune femme de traverser une rue, lui crachent dessus, tout en vaporisant ce qui semble être du gaz lacrymogène sur la présentatrice et menaçant son équipe. On découvre ensuite l’histoire de l’exil de Fatima. Après la destruction de sa maison par le groupe Daesh, elle a traversé la frontière en payant un trafiquant et s’est réfugiée en Turquie avec sa famille où elle vit depuis dix-huit mois. De ses propres mots, qui sortent avec difficulté du fond de sa gorge elle raconte l’horreur. « Nous avons vu des choses que nous n’aurions jamais dû voir. Il y a eu des jours où nous n’avions même pas un morceau de pain à acheter. Ce qui nous arrive même les chiens ne l’ont pas vécu » Elle relate une vie d’insultes très fortes, de violences sexuelles et explique qu’elle est prostituée pour 5 lires turques, soit moins d’un euro. Elle mendie la journée et voit deux ou trois hommes par nuit pour nourrir sa famille. Son mari la tuerait s’il savait[2].
Il ne faut pas s’apitoyer sur son sort. Il ne faut pas la sortir de cette situation. Il ne faut lui offrir aucune aide d’une quelconque nature. Quiconque fait cela n’est qu’un pathétique moraliste victime d’un syndrome de sauveteur (de l’anglais, « saviour syndrome »). Cette femme est indépendante : elle travaille seule, à son rythme et selon ses conditions. Cette femme est forte et autonome : elle est un agent rationnel ayant fait un simple calcul coût/bénéfices et ayant décidé que travailler pour moins d’un euro par homme lui était plus avantageux que de mendier. Elle l’a décidé d’elle-même. Ses conditions de vie sont bien meilleures que sous la guerre en Syrie. Les hommes qui l’insultent à longueur de journées ne font qu’assouvir un fantasme et ont le droit de vivre leur sexualité pleinement. Elle y a consenti. Fatima est une migrante travailleuse du sexe.

C’est ainsi que depuis quelques dizaines d’années les groupes pro-prostitution ont réussi à effacer toute la misère du monde. Les quelques millions de femmes exploitées chaque année voient leur chaînes brisées par un simple jeu lexical.
Il n’y a rien de nouveau dans l’acceptation tacite, le consentement pourrait-on dire, de la prostitution : les banalités du type « la prostitution permet de réduire les violences sexuelles », « c’est le plus vieux métier du monde », sont monnaie courante. Il n’y a rien de très nouveau non plus dans le terme de « travail du sexe », lancé dans les années 70 par la figure de proue du collectif COYOTE (Call Off Your Old Tired Ethics/Renoncez à votre morale dépassée) Priscilla Alexander. Financée par l’église méthodiste californienne et Playboy[3], l’organisation créée en 1973 a glorifié l’exploitation sexuelle en prétendant représenter les femmes prostituées qui constituaient en fait tout au plus 3% de l’ensemble des membres près de huit ans après sa création. Priscilla Alexander par exemple considérait que sa vie sexuelle étudiante faisait d’elle une « travailleuse du sexe ». Ainsi, Coyote organisait des enchères de femmes derrière le titre aguicheur « bal des putes » où des femmes étaient exhibées dans des ventes aux enchères et diffusait des slogans tels que « le droit de se prostituer »[4].
Au cours des dernières années, ce discours favorable à la prostitution s’est amplement développé. Finie la traditionnelle indifférence voire complaisance envers une réalité mortelle, aujourd’hui c’est l’activisme pro-prostitution qui triomphe. Ce texte se donne pour but d’analyser les fondations de la rhétorique pro-prostitution pour mieux la déconstruire. Nous allons donc faire la revue des arguments, des méthodes et des plateformes des personnes soutenant l’industrie du sexe. Nous allons voir que les objectifs des partisans oscillent entre activisme chevronné et indifférence généralisée, mais qu’en fin de compte concernent les législations régulant l’exploitation sexuelle. Le discours dominant présentant la prostitution comme un travail peut donc être vu comme une réaction directe à l’implémentation et diffusion du modèle néo-abolitionniste de pénalisation du client-prostitueur. Si ce texte se penche presque exclusivement sur du contenu médiatique anglophone c’est parce que, une fois n’est pas coutume, les modes partent de là-bas et s’échouent sur les côtes continentales après.
PARTIE I: POPULISME ET PROSTITUTION
La clé d’interprétation pour comprendre le succès du discours propagandiste prostitutionnel est la ressemblance de cette dernière avec le discours politique ambiant en Europe et Amérique du Nord. Il ne faut pas construire, il faut s’inscrire. La force du discours prostitutionnel ambiant est qu’il navigue sur un imaginaire collectif déjà établi. La familiarité facilite l’assimilation. En adaptant ce qui existe déjà, les tenants de la prostitution gagnent en temps et en efficacité.
Le détournement de la Joconde n’est possible que parce que le tableau est mondialement reconnaissable. L’image est ancrée dans notre imaginaire. Pour la prostitution aussi, le discours en sa faveur ne tombe pas du ciel mais développe d’éléments déjà existant dans d’autres contextes.
Ces dernières années, par-dessus les traditionnels clivages gauche/droite, se sont juxtaposés ceux des forces de l’ouverture contre les forces de la fermeture et les tendances populistes[5]. Si une droite souhaite fermer ses frontières, une autre favorise le libre-marché. Si une gauche plaide pour un repliement sur son propre territoire, une autre souhaite l’abolition des frontières. Ces deux visions politiques se sont largement affrontées récemment, notamment en France à travers l’émiettement des partis de chaque grande famille politique. Dans cette première partie, nous allons nous concentrer sur la nature populiste des personnalités et partis politiques prônant le repli sur soi. Avant cela, il est essentiel de faire un prélude sur l’importance du langage.
- Langue et politique
LA GUERRE C’EST LA PAIX.
LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE.
L’IGNORANCE C’EST LA FORCE.
1984, George Orwell
En un seul verbe, les russophones sont capables de dire : se ruiner à force d’acheter de l’alcool. Avec le fameux saudade, les lusophones peuvent exprimer le manque à leur manière. Si on est une personne qui est toujours en retard car trop optimiste par rapport à notre chance d’arriver à l’heure, nous sommes un ou une tidsoptimist en suédois. Au Mexique, on peut embrasser quelqu’un avec l’âme avec un seul mot. L’intrigante liste des mots intraduisibles pourrait être prolongée indéfiniment. Les langues reflètent et perpétuent les cultures. Elles témoignent d’une priorité linguistique relative à la réalité d’un lieu : si certains ont besoin de plus d’une dizaine de mots pour « blanc » car habitant des lieux enneigés la plupart du temps, les tonalités de blanc ont moins besoin d’être définies de manière concise en français. Réalité et mots s’imbriquent alors se renforçant à tour de rôle. Et si les mots facilitent l’expression ils peuvent aussi se transformer en contrainte. Par exemple la langue française, fortement genrée, rend difficile la conception d’un monde non masculin. Les mots peuvent former un carcan mental dont il est difficile de s’échapper.
Quiconque est capable de créer des mots peut former un moule. La chercheuse Fatmagül Berktay parcoure l’origine très ancienne de ce pouvoir de nommer. Sans nom, il n’y a pas d’existence. En Mésopotamie antique, on attribuait aux noms une symbolique mystique : « connaître le nom de quelque chose [signifiait] percer le secret de cette chose »[6]. Ce pouvoir s’est confirmé et a culminé dans les écritures saintes : « Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. » (Genèse 1 :3). Il suffit de prononcer un mot pour que celui-ci prenne forme. Celle ou celui qui nomme possède le pouvoir, car les mots servent à créer des réalités qui n’existaient pas auparavant[7].
Dans un passé récent, les régimes autoritaires se sont vite emparés de ce formidable outil de contrôle, comme l’explique Minh Quang Nguyen dans son mémoire sur les langues totalitaires. Bien qu’orienté dans un régime fictif, la novlangue dans 1984 de George Orwell synthétise parfaitement des expériences bien réelles.
La novlangue […] est essentiellement un outil de contrôle social au sein d’un régime totalitaire. Le principe de la chose est d’éradiquer des mots du langage pour limiter davantage les horizons conceptuels de l’individu. Le personnage de Syme dans le roman décrit très bien le principe de la chose dans son fameux discours au protagoniste du roman.
C’est une belle chose la destruction des mots. Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée, car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun seulement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité.
Autrement dit, la novlangue est essentiellement un univers langagier qui est bouclé sur lui-même et qui a pour but d’empêcher le sujet d’accéder à autre chose, à une représentation de la réalité différente de cet univers. […] Donc, la novlangue vise à éradiquer les possibilités de pensées alternatives en détruisant des mots qui pérmettraient à l’individu d’en arriver à ces réflexions[8].
Ce genre de « réingénierie linguistique »[9], c’est-à-dire la modification récurrente de la sémantique des mots, influe tellement sur la logique de celui ou celle qui l’utilise qu’elle rend tout opposition au discours dominant impossible, avec comme conséquence l’obtention d’une « pensée unidimensionnelle »[10]. À la différence des langues normales qui concèdent la possibilité de mentir, une langue totalitaire est une exagération « aboliss[ant] tout critère de vérité ». Reprenons l’exemple cité par Min Quang Nguyen pour mieux expliquer : si avec une langue non-totalitaire, les chiffres du chômage peuvent être contestés –on peut toujours dire « Ces chiffres sur le chômage sont faux, ceux-ci par contre sont vrais » – la langue totalitaire enlève cette possibilité car elle a déjà aboli le mot « chômage » du vocabulaire. Non seulement des mots sont supprimés, d’autres sont systématiquement accostés, donc fusionnés. Le philologue Kemplerer note comment dans ce qu’il appelle la Lingua Tertii Imperi de l’Allemagne nazie, le mot « fanatique » souvent associé à « héroïque » crée une nouvelle relation d’équivalence dans l’imaginaire collectif : être héroïque c’est être fanatique, être fanatique c’est être héroïque. Par la suite, le « fanatisme » remplace même d’autres mots comme « passionné » de sorte à en faire une vertu exemplaire. Dans le monde orwellien, ce genre de juxtaposition va plus loin avec l’avènement de la « double pensée » :
Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience el avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle[11].
Ainsi deux termes s’annulant l’un l’autre comme « liberté » et « esclavage » deviennent synonymes sans que personne ne dispose des outils intellectuels pour y objecter.
Le moyen de communication fondamental qu’est la langue est facilement manipulable en un formidable outil politique. En forçant des changements dans la langue, en créant, modifiant et supprimant des mots on tente de divulguer rapidement des idées dans des visées politiques particulières. Les quelques techniques répertoriées ci-dessus sont adoptés par les défenseurs de la prostitution. Nous allons maintenant les explorer de plus près.
- Populisme
Le débat politique de ces dernières années, en Europe et aux Etats-Unis du moins, a été fortement marqué par l’essor du populisme. La caractéristique principale d’un mouvement populiste, comme le définit le politologue Luca Ricolfi[12], est sa vision durkheimienne de la vie sociale : la société forme un groupe organique cohérent mais qui est souillé par des éléments parasitaires. Ainsi le populisme peut être défini comme l’idéologie politique exaltant le peuple en tant que porteur de valeurs positives en opposition à un groupe d’élite dominant[13]. En considérant les dernières élections présidentielles en France et outre-Atlantique, on peut remarquer à quel point l’utilisation récurrente des mots « élite » et « establishment » était un moyen de s’inscrire dans cette ligne idéologique populiste. Si ces concepts populistes nous parlent malgré nous c’est surtout parce que leur diffusion et adoption ont été orchestrées par une habile propagande définie comme : « action psychologique qui met en œuvre tous les moyens d’information pour propager une doctrine, créer un mouvement d’opinion et susciter une décision »[14].
« MAKE AMERICA GREAT AGAIN »
« SEX WORK IS WORK »

Une première façon d’affecter les mentalités est aussi celui le plus superficiel. Il faut se donner des signes distinctifs pour créer une identité immédiatement reconnaissable dans le double sens du terme : identifiable et source de sens d’appartenance. L’équipe de campagne de l’ex-candidat Donald Trump a su créer un slogan si accrocheur que même des leaders de forces politiques opposées l’adoptent : c’est ce qu’a fait Emmanuel Macron avec son « Make Our Planet Great Again » calqué sur « Make America Great Again ». Un bon slogan est un slogan adopté par tout le monde. Imprimé sur les casquettes, déformé et réutilisé le slogan étatsunien fait désormais partie d’une conscience collective. « Sex work is work » (« Le travail du sexe est un travail ») est l’équivalent des propagandistes de la prostitution. Il n’y a pas un article, une manifestation, une exposition en faveur de la prostitution qui n’utilise pas ce slogan. Elle est courte, simple, accrocheuse. La répétition du « travail » transmet une sensation d’évidence : bien sûr que le travail c’est du travail ! Répétée en boucle cette phrase prend de plus une autre dimension : elle devient mantra. D’origine sanscrite, le mot « mantra » signifie « instrument de la pensée » et est défini comme une « formule magique dont l’efficacité ne dépend pas de la participation intérieure du sujet qui la prononce »[15]. Il n’y a aucune réflexion sur le sens des mots « sexe » et « travail ». Il ne faut pas comprendre, il faut répéter. Les tenants de la prostitution ne s’attendent pas à ce que les gens élaborent cette phrase à leur manière, ils espèrent plutôt une fidélisation obéissante et prête à répéter sans questionner. L’origine du mot propagande est d’ailleurs religieuse et signifie « de la propagation de la foi »[16]. Il ne faut pas penser, il faut croire. Aveuglément.
L’utilisation de symboles est d’autant plus importante qu’elle permet de véhiculer une multitude de sens dans un unique objet ou une image. Dans le monde politique, nous pouvons penser au « phi » de la France Insoumise qui avait suscité une grande curiosité car il condensait de nombreux messages en un trait[17]. Dans le monde religieux tout juste mentionné, nous pouvons rappeler le rôle essentiel des icônes dans la diffusion des messages spirituels. Des Etats-Unis à la Thaïlande, le parapluie rouge remplit cette fonction d’icône. Il est utilisé dans toutes les manifestations où des groupes pro-prostitution sont présents. Le parapluie a été adopté en juin 2001 lors de la Biennale de Venise à partir de la création « Prostitutes’ Pavillion » (« Le Pavillon des Prostituées ») de Tadej Pogachar (ICRSE). Ce genre de signes distinctifs des femmes prostituées s’inscrit dans une longue tradition passant par des vêtements spécifiques en Grèce et Rome Antique à l’obligation de porter des écriteaux au cou sous Charlemagne, puis celle de se teindre les cheveux en rouge de l’édit de Saint-Louis[18]. On ne fait donc que puiser dans un imaginaire déjà présent, inconsciemment familier.

« Tout ce que l’univers médiatique compte de soi-disant experts se mobilise pour cadenasser le débat. »[19]
« Les médias ont tout faux sur le travail du sexe. »[20]
« L’univers médiatique »
Alors que Marine Le Pen brillait par sa présence médiatique pendant les élections présidentielles, elle ne se lassait pas de vilipender les mêmes médias qui relayaient ses messages. Il existait donc entre l’ex-candidate et les médias un rapport ambigu d’interdépendance bénéfique aux deux : on se critique l’un l’autre tout en contribuant au succès réciproque. Les chiffres pour un autre adepte de cette technique, Donald Trump, sont très clairs : les revenus d’abonnement du New York Times, opposé au président, ont augmenté d’un milliard de dollars en 2017, pareil pour le Washington Post qui a franchi le cap du million d’abonnés la même année ; un reportage télévisé avec une des supposées amantes du président a regroupé 22 millions de spectateurs, le record de la décennie[21].

C’est de la même manière que les personnes soutenant la prostitution se plaignent sur les médias d’être ignorées ou incomprises par les médias : « Les travailleuses du sexe ne sont pas invisibles. Nous sommes juste ignorées par les médias » peut-on lire dans le Sidney Morning Herhald par exemple[22]. Pourtant il suffit de citer le nom de n’importe quel titre de journal, radio, chaîne de télévision pour y retrouver du contenu favorable à la représentation de la prostitution comme du travail. Un journaliste du prestigieux The New Yorker parle de « travail du sexe » alors que l’article est intitulé « The Desperate Journey of a Trafficked Girl » (« Le voyage désespéré d’une fille trafiquée ») et relate les histoires des jeunes filles et femmes nigérianes sous le joug de trafiquants[23]. Dans un autre article d’Al-Jazeera, la journaliste parle de filles du Soudan du Sud abusées dans le cadre de la prostitution et qui s’acharnent à poursuivre leur éducation en les qualifiant de « travailleuses du sexe »[24]. Un reportage emblématique dans le genre publié dans une revue typiquement de l’ « establishment » comme le New York Times Magazine est celui d’Emily Bazelon. Sur presque une dizaine de pages, la journaliste fait une longue apologie de la prostitution. Pour cela, elle ne se base que sur des témoignages de personnes prostituées soit soutenant l’activité, soit, mieux encore, travaillant dans une organisation visée à la promouvoir. Par exemple, Ceyenne Doroshow fait partie du comité de direction du Sex Workers Outreach Project USA parmi d’autres et Janet Duran est la directrice régionale du New Jersey Red Umbrella Alliance, comme l’indiquent publiquement les sites web des associations respectives, mais ces filiations ne sont jamais explicitées. Un article faisant l’état des lieux sur les effets du tabac qui n’interrogerait que des employé.e.s de l’industrie ne serait jamais pris au sérieux, pourtant avec la prostitution des opinions minoritaires et subjectives sont présentées comme neutres et impartiales.
Les grands noms du monde médiatique procurent une plateforme de choix pour les tenants de la prostitution qui aiment s’y présenter en victimes.
« Les soi-disant experts »
Pour éviter que les positions partisanes déguisées en vérité absolue se fasse démasquer pour ce qu’elles sont, il faut se libérer des potentiels gardiens et gardiennes des faits. Rappelons-nous lors du Brexit la virulente critique des experts du côté des Leavers, désirant quitter l’Union Européenne : l’ex-secrétaire d’Etat à la justice Micheal Gove a même dit « Je pense que les gens de ce pays ont en marre des experts »[25]. De la même manière pour les groupes soutenant la prostitution, la réalité matérielle de l’activité est secondaire, et si elle compte c’est uniquement comme ils le souhaitent. Ainsi le lobby English Collective of Prostitutes, ECP (Collectif Anglais des Prostituées) détiendrait la vérité sur la prostitution : la page emblématiquement intitulée comme héroïque et fanatique, « faits et fiction»[26], prend grand soin de nier toutes les recherches qui ont été faites sur le sujet. On crie au « fakes news » en diffusant soi-même des « faits alternatifs » pour reprendre l’expression de Kellyanne Conway, conseillère du président des Etats-Unis. Kajsa Ekis Ekman relate un rapport de huit cents pages qui avait de justesse évité les coupures de l’enquêtrice responsable Inger Lindqvist favorable à la prostitution : cette dernière allait entièrement supprimer le travail des experts ainsi que les témoignages des femmes prostituées si ce n’était pour les protestations féministes[27]. Parfois, les attaques sont personnelles : les chercheuses les plus éminentes ne soutenant pas la prostitution sont décrédibilisées. Melissa Farley, entre autres, est souvent en ligne de mire. Toujours dans le grand reportage du New York Times Magazine, la journaliste Emily Bazelon déforme les propos de la chercheuse américaine : alors que celle-ci partait d’une réflexion d’Andrea Dworkin selon laquelle les hommes achetant les femmes pensent que celles-ci aiment naturellement le viol et la domination, la journaliste prétend que c’est M. Farley qui affirme que les prostituées agissent ainsi[28]. Le proxénète britannique Douglas Fox parle d’une « guerre condescendante et déloyale » menée par M. Farley[29]. L’ECP balaie d’un revers de la main les études de la chercheuse[30].

Avant même que d’autres intéressé.e.s à la question aient l’occasion de découvrir d’eux-mêmes ce que chaque partie du débat a à dire il faut coller des étiquettes négatives auxquelles peu seraient contents d’être associés. Puritain, moraliste, oppresseur font partie de celles-ci[31]. La volonté de faire perdre crédibilité aux experts s’étend à tous ceux désirant mettre un terme à l’exploitation sexuelle. La langue prostitutionnelle, avide de néologisme, s’est donné un mot fétiche : « SWE(R)F ». Une « Sex work/worker exclusionary (radical) feminist » (« Féministe (radicale) excluant le travail du sexe/les travailleuses du sexe ») « serait genre quelqu’un qui genre est anti travail du sexe, qui est une féministe qui est anti travail du sexe. En gros, c’est beaucoup de putophobie. »[32]. On nous propose ici une clé de lecture du type « LE FEMINISME C’EST LA PUTOPHOBIE ». Les féministes dénonçant la prostitution deviennent ainsi anti-femmes. Lutter contre la faim dans le monde équivaudrait à lutter contre les affamés. Un court acronyme permet de facilement désigner et repérer ces ennemis du peuple.
« Cadenasser le débat »
A force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu’un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont « cercle » et « carré » ? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu’à rendre méconnaissables les idées qu’ils véhiculent.
Joseph Goebbels
Une fois que les mots deviennent des coquilles vides à remplir à sa guise, et que l’on a décrédibilisé celles et ceux qui appellent un chat un chat, on peut dire ce que l’on veut. Reprenons à nouveau l’exemple de l’ex-candidat Donald Trump : héritier milliardaire, présent dans le monde des affaires depuis son plus jeune âge, il a malgré tout réussi à se faire passer comme un outsider opposé à l’ « establishment » ou « système » ou « l’élite », ici synonymes. On peut donc être antisystème tout en le représentant parfaitement. C’est ce que fait Andy, « travailleuse du sexe féministe » autoproclamée. Dans une vidéo de cinq minutes du site Vice[33], elle répond à dix questions que nous aurions tous « toujours voulu demander à une travailleuse du sexe féministe ». Depuis le temps que nous nous turlupinions avec ce grand point d’interrogation dans nos têtes, heureusement que Vice a mis fin à cette frustration ! Dans cet entretien, Andy reproduit le discours politique ambiant. Elle se réclame non seulement anti-patriarcale, mais se donne aussi des airs anticapitalistes et explique que ses positions sont parfaitement compatibles avec la prostitution. Son explication est la suivante : « C’est un gros ‘va te faire’ au patriarcat : en étant une travailleuse du sexe, tu choisis tes heures de travail, tu choisis ta paye… Tout cela te donne de l’autonomie, ce qui est, en gros, ce que le patriarcat refuse ».
Nous devrions comprendre que tarifer une pénétration sexuelle serait anticapitaliste ? Ne serait-ce pas plutôt le contraire ? Ne devrions-nous pas plutôt y voir le signe d’une infiltration excessive d’une logique marchande dans le plus intime de nos vies ? Tout peut être acheté, tout peut être vendu : l’amitié, les organes, les enfants, etc. L’argent c’est le pouvoir, et du moment qu’on en a, on fait ce qu’on veut, notamment satisfaire ses envies sexuelles au dépend de celles d’autrui. Choisir ses heures de travail, sa paye… Est-ce l’utopie communiste ? Au mieux, c’est de l’auto-entreprenariat mais de là à en devenir de l’anticapitalisme… D’ailleurs, ce qu’elle dit sur sa paye contredit ce qu’elle-même avait dit au début de la vidéo : son tarif moyen est de 150 livres sterling, apparemment la moyenne londonienne. Elle n’est donc pas si autonome qu’elle le prétend puisqu’elle est prise dans un système d’offre et de demande qui détermine le prix de marché à sa place. Les contradictions ne sont pas donc qu’au niveau conceptuel et abstrait mais directement dans les quelques minutes d’explication d’Andy. Dans la prostitution, les caractéristiques propres à un système capitaliste, tels que la « propriété privée des moyens de production et d’échange[34] » et « la recherche du profit[35] » ne sont pas effacées mais exacerbées puisque les personnes mêmes sont échangées. Nous y reviendrons.
« ‘Va te faire’ au patriarcat ». La phrase s’annule d’elle-même : condamner à des violences sexuelles le système qui se nourrit et se base sur de telles violences n’est certainement pas la meilleure manière de les faire cesser. De plus prétendre qu’un homme puisse disposer d’une femme à sa guise tout simplement parce qu’il lui a donné de l’argent ressort plus de l’objectification des femmes que du féminisme. Si on prend une définition simple de dictionnaire du patriarcat en tant que « forme d’organisation sociale dans laquelle l’homme exerce le pouvoir dans le domaine politique, économique, religieux, ou détient le rôle dominant dans la famille par rapport à la femme »[36], et qu’on y ajoute le domaine sexuel et culturel, tous deux essentiels, on se rend vite compte que la prostitution n’est rien d’autre que l’expression mais aussi le véhicule de ce patriarcat. Cela avec l’acquiescement populaire : seuls 13% des françaises et français seraient de fait abolitionnistes le reste préférant des politiques pour « contenir » l’activité et 79% des hommes du même sondage sont contre la pénalisation du prostitueur[37]. Difficile de prétendre lutter contre un pouvoir masculin si on est du même avis que –si on consent avec– les détenteurs de ce pouvoir…
À l’instar de Marine Le Pen, bercée dans la politique et Donald Trump bercé dans l’argent, la prostitution, moteur du patriarcat, devient antisystème. On donne donc à la prostitution de faux airs de maltraitée même si elle reçoit encore l’approbation passive ou active de beaucoup et est tout ce qu’il y a de plus traditionnel dans nombreuses sociétés. Une fois qu’on a créé cette confusion étourdissante des champs lexicaux comment rétablir la vérité ? Le système c’est l’antisystème n’est en fin de compte pas une manière de clore le débat mais plutôt de le rendre impossible. Seuls les ingénieurs linguistiques en détiennent désormais la clé.
- LA PROSTITUTION C’EST DU TRAVAIL

Kandapara, gigantesque bordel à ciel ouvert, est l’un des plus grands du Bangladesh. Il existe depuis près de 200 ans, et environ 700 filles et femmes y sont prostituées. Avec 12 ans d’âge moyen de début de prostitution, à 17 ans, certaines utilisent des stéroïdes pour apparaître en meilleur santé. Vendues par les familles, kidnappées, affamées, ou tout simplement nées dedans, les filles et femmes de Kandapara sont contraintes à 15 à 20 « passes » par jour. Une fois dedans, peu en ressortent. Meghla avait douze ans quand elle travaillait à l’usine et a rencontré un homme qui lui a promis un meilleur travail, mais l’a en fait vendue au Kandapara. Bonna avait sept ans quand son beau-père l’a violé et dix quand elle s’est échappée, qu’un homme l’a kidnappée et l’a vendue au bordel. Kajol pense avoir dix-sept ans. Mariée à neuf ans, c’est sa tante qui l’a vendue au bordel.
Ces histoires sont celles reportées par la photojournaliste Sandra Hoyn. Pour elle, les filles violées par des hommes adultes qu’elle a sous les yeux sont des « travailleuses du sexe ». Rappellez-vous : si le mot « chômage » n’existe pas, le chômage non plus. Ici c’est le mot « pédocriminalité » qui est absent. Mais aussi le mot « esclavage », le mot « violence », le mot « misogynie » et ainsi de suite. Pour confirmer le dernier mot et s’il y avait encore des doutes : les garçons nés dans le bordel deviennent propriétaires de magasins dans le bordel une fois adultes. Ils ne sont prostitués à aucun moment. Le sexe féminin est la variable déterminante de l’abus à subir — abus infligé par des hommes. Les filles et femmes de Kandapara ne sont plus dignes de protection, malgré toute la violence enregistrée par la photographe : « elles ne sont pas que des survivantes ou des victimes, elles se battent et profitent de leur vie à leur manière. […] Les travailleuses du sexe ne sont pas traitées comme des citoyennes normales mais elles constituent une réalité que la société doit accepter »[38]. Sandra Hoyn ne serait-elle pas elle-même coupable de déchoir de la citoyenneté ces femmes et filles en leur niant le respect de leurs droits fondamentaux ? Si les enfants interrogés travaillaient dans un chantier, aurait-elle au moins parlé de travail forcé des mineurs ? Si ces femmes étaient contraintes à des relations sexuelles hors des murs de ce bordel, aurait-elle parlé de violences sexuelles ?
En appliquant systématiquement le champ sémantique du monde professionnel, les tenants de la prostitution empêchent la capacité de nommer la prostitution pour ce qu’elle est : une forme de violence masculine. « Je suis une professionnelle, et je prends mon travail au sérieux »[39]. Cette personne pourrait être sophrologue à ce qu’on sache. « Gérants d’entreprises de massage ou d’escort »[40]. Quels professionnels polyvalents : ils sont capables de passer de l’institut de beauté au service d’accompagnateurs ! Il y aussi le « business du sexe-à-vendre »[41] : on comprend un peu mieux ce que c’est, mais comme on dit « c’est ainsi que vont les affaires », il n’y a rien à faire. Certains réussissent à monter leur propre boîte de prostitution, d’autres sont smicardes dedans. Il faut juste faire attention à ne pas retomber « dans les mains de managers potentiellement abusifs »[42]. Il faut avouer qu’internet a tout changé. Maintenant les « clients » ont la possibilité de mettre leur avis dans des sites dédiés comme le britannique Punters.net ou Escortfr.net. On peut y lire par exemple :
Pas de vraies beautés, juste une bande de thons défraichis. Choisie parce qu’elle était la plus jolie, la plus mince et la plus jeune dans la viande en offre.
Ou encore :
Vous pouvez pas vous attendre à une journée de plaisir avec Michelle Pfeiffer pour 20£ mais c’est très aléatoire dans cet établissement. Certaines filles sont super mignonnes mais la plupart sont juste des trous à baiser.
Mais aussi :
J’ai réussi à la faire coucher sur le lit avec ses jambes grandes ouvertes pour que je voie sa chatte. Propre, bien épilée, douce et toujours mouillée à l’intérieur de son client précédent (j’imagine ?). J’ai léché son bouton et elle m’a poussée, alors je l’ai fait à nouveau et elle ne voulait clairement pas que je fasse ça. J’ai foutu mes 2 doigts bien à l’intérieur pour sentir son col de l’utérus, carrément serré son trou, donc pas d’enfants. Je l’ai doigtée dur et léchée à nouveau. Ma bite est bien dure maintenant alors j’y vais pour la pénétration « PREVUE » et elle me dit « NON » ! Comment ça NON, j’ai payé pour ça.
Enfin :
Ce qui me dérange c’est pas tant qu’elle chiale mais que c’est une gamine et qu’elle a vraiment l’air de se demander qu’est-ce-qu’elle fout là.[43]
Toutes les images sont tirées du site “Paroles de clients” inspiré de “The Invisible Men” (Les hommes invisibles).
Au lieu de les voir comme des insultes déshumanisantes et rappeler les lois contre les propos haineux applicables de part et d’autre de la Manche, les soutiens de la prostitution ne voient la chose qu’en terme monétaire : « ces commentaires ne sont pas juste méchants, ils peuvent vraiment avoir un impact négatif sur les affaires ». On pourrait commenter une femme comme on commenterait des casques audio acheté chez Amazon. Ici l’objectification est douloureuse d’évidence. Au lieu de cela on dit que parfois les recensements sont un peu « méchants » comme un gamin dirait « tu pues » à un autre dans la cour de récré – ça va, c’est pour de faux ! « Méchant ». Et pourtant ils permettent aux « professionnels » d’adapter leurs « services » pour le client-roi. Par contre quand les femmes prostituées ne sont même pas en mesure de lire les commentaires parce qu’ouvertement trafiquées comme l’écrivent les prostitueurs eux-mêmes, la tâche devient un peu plus compliquée.
Le mot manquant assourdissant par son absence dans toute cette professionnalisation est « viol ». Sandra Hoyn parle d’une fille de quinze ans forcée à avoir un rapport sexuel avec un prostitueur régulier qu’elle déteste et cinq autres hommes. Dans les commentaires que nous avons choisis ici, une investigation pour viol (sur mineurs) devrait être lancée. Un rapport sexuel contraint est un viol pas un travail. L’effacement du mot viol prend d’autres formes aussi. Il est souvent remplacé par l’euphémisme « relation sexuelle non-consentie ». On risque de finir par voir le viol comme une simple forme alternative du sexe, au lieu de les opposer. Nous verrons que c’est un des buts de la propagande prostitutionnelle : présenter la prostitution comme une sexualité consensuelle alternative.
Instrument de la pensée et de l’expression, sculptrice de la réalité, la langue est un formidable et redoutable outil politique. La novlangue de George Orwell incorpore les techniques principales de contrôle de la pensée rendues possibles par la modification artificielle du langage. Brouillage des champs sémantiques, suppression et création de mots, modification des termes font partie du bagage de la propagation de la foi prostitutionnelle. Avec un certain mysticisme cette propagande prostitutionnelle adapte la rhétorique politique populiste largement entendue. À coups de slogans et symboles elle réussit à marquer son territoire, celui des médias. Présente par prétéritions elle se délecte de son statut d’antisystème systémique. Si ce n’était pour des « méchants » ennemis, elle pourrait éparpiller en paix ses vrais mensonges. Le travail du sexe c’est génial : plus de proxénètes, plus de traite, plus de pédocriminalité, plus de violence, plus de viol ! « Plus » dans le sens de l’absence ou de l’abondance ?
Si le volet populiste de la prostitution empêche toute opposition à la narration dominante car elle avorte le développement de cette opposition, nous allons voir maintenant avec le volet libéral que si certains réussissaient à s’évader des mailles de ce filet, la censure les attendra à la sortie.
[1] Durand, A., Pouchard, A., « #Syrie5ans : les chiffres qui montrent l’ampleur de la guerre », Le Monde, 15 mars 2016. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/15/syrie5ans-les-chiffres-qui-montrent-l-ampleur-de-la-guerre_4883214_4355770.html
[2] BBC, «Sex in strange places: Turkey », BBC Three, 8 mars 2016. https://www.bbc.co.uk/programmes/p03kszyy
[3] La participation de Playboy dans une organisation visant à diffuser la prostitution est un énième exemple du lien entre prostitution et pornographie, à lire dans le cahier de la Fondation Scelles sur la pornographie.
[4] Ekman, K. E., L’être et la marchandise: prostitution, maternité de substitution et dissociation de soir, M Editeur, 2010.
[5] (Ricolfi, 2017 Ricolfi, L., Sinistra e Popolo : Il Conflitto Politico nell’Era dei Populismi, Longanesi, 2017.
[6] (p. 52).
[7] Berktay, F., Tek tanrili dinlere karsi kadin, Melis Kitapevi, 1999.
[8] Nguyen, M. Q., « Le totalitarisme ou le meurtre du langage », Université du Québec à Montréal, 2009.
[9] (p. 70)
[10] (p. 73).
[11] (p. 73).
[12] 2017
[13] (Oxford Dictionnary, Treccani)
[14] CNRTL
[15] Treccani
[16] Treccani
[17] Rang, A. , « La genèse du «phi» de Jean-Luc Mélenchon », L’Obs, 18 Octobre 2016. https://www.nouvelobs.com/politique/election-presidentielle-2017/20161017.OBS9922/la-genese-du-phi-de-jean-luc-melenchon.html
[18] Bui, V. « Le châle jaune des prostituées au XIXe siècle : signe d’appartenance ou signe de reconnaissance ? », Fabula.org, 5 Février 2008. http://www.fabula.org/colloques/document939.php
[19] Phrase prononcée par Marine Le Pen en 2017 à Bordeaux. BFM Tv, « À Bordeaux Marine Le Pen s’en prend avec virulence aux médias », 2 avril 2017 (https://www.bfmtv.com/politique/marine-le-pen-tres-virulente-a-l-egard-des-medias-1134457.html).
[20] Titre traduit de l’article « What the media gets all wrong about sex work » de Lauren Maffeo publié sur le site Mic (20 février 2014) (https://mic.com/articles/82433/what-the-media-gets-all-wrong-about-sex-work#.xLDh6JRM9).
Castillo, M., «Trump’s ‘fake news’ fight has helped media ratings and readership », Cnbc, 27 avril 2018. https://www.cnbc.com/2018/04/23/trumps-fake-news-fight-has-helped-media-ratings-and-readership.html
[22] Iselin, K. «Sex workers are not invisible. We’re just being ignored », The Sidney Morning Herhald, 27 juillet 2016. https://www.smh.com.au/lifestyle/sex-workers-are-not-invisible-were-just-being-ignored-20160726-gqe52k.html
[23] (Taub, 2017
[24] (Hilton, 2016 dans Sanchez, 2016)
[25] (Deacon, 2016
[26] La page est maintenant supprimée peut-être parce que les « faits » qui y étaient présentés étaient beaucoup trop alternatifs.
[27] (Ekman, 2010
[28] Murphy, M., « Unethical practices produce New York Times’ ‘sex work’ story », Feminist Current, 12 mai 2016. https://www.feministcurrent.com/2016/05/12/unethical-practices-produce-new-york-times-sex-work-story/
[29] Fox, D., «Feminism and whores by Douglas Fox », International Union of Sex Workers, octobre 2010. http://www.iusw.org/2010/10/feminism-and-whores-by-douglas-fox/
[30] ECP (a), «Fact and Fiction », English Collective of Prostitutes, 6 février 2015. http://prostitutescollective.net/2015/02/06/fact-fiction/
[31] (Ekman, 2010
[32] Vice, «10 questions you have always wanted to ask a feminist sex worker », Vice video, 13 mars 2017. https://video.vice.com/en_us/video/sex-worker/58bef7738c6a9e037b1b47b4
[33] Vice, «10 questions you have always wanted to ask a feminist sex worker », Vice video, 13 mars 2017. https://video.vice.com/en_us/video/sex-worker/58bef7738c6a9e037b1b47b4
[34] Quel est le moyen de production dans la prostitution ? Le corps ? Pour produire quoi ? Et qui le privatise ? La femme prostituée ou l’homme qui la prostitue ?
[35] Qui profite dans la prostitution ? La femme prostituée qui reçoit la compensation monétaire ? Ou l’homme qui obtient un plus-value en prostituant une femme ?
[36] (Larousse, 1994
[37] Vaudano, M., «Prostitution : les contradictions des sondages », Le Monde, 29 septembre 2013. https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/29/prostitution-les-contradictions-des-sondages_3522973_3224.html
[38] Smother, H., «Catch a Rare Glimpse Inside a Walled Brothel With These Powerful Photos », Cosmopolitan, 23 juin 2016. https://www.cosmopolitan.com/sex-love/news/a60332/sandra-hoyn-walled-brothel-photos/
[39] Winkle, L. «Losing Your Virginity to a Sex Worker Can Be Therapeutic», Vice, 2 mai 2017. https://www.vice.com/en_us/article/pgj7wv/losing-your-virginity-to-a-sex-worker-can-be-therapeutic
[40] Halper, K., «CANADA’S FIRST NATIONAL SURVEY OF SEX WORKERS SHOWS MOST ARE SATISFIED WITH THEIR JOBS », Feministing, 24 septembre 2014.
[41] Newsdesk, «Woman who lived off earnings of vice-ring run from Kirkcaldy ordered to pay back just £1 », Fife Today, 12 octobre 2016. https://www.fifetoday.co.uk/news/crime/woman-who-lived-off-earnings-of-vice-ring-run-from-kirkcaldy-ordered-to-pay-back-just-1-1-4256172
[42] Simon, C. «Sex Workers Are Not Collateral Damage: Kate D’Adamo on FOSTA and SESTA », Tits and Sass, 6 mars 2018. http://titsandsass.com/sex-workers-are-not-collateral-damage-kate-dadamo-on-fosta-and-sesta/
[43] Les trois premiers commentaires sont du site britannique le dernier du français. Ils sont classifiés respectivement dans le site the-invisible-men.tumblr.com et prostitueurs.tumblr.com.
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