
Les femmes obtiennent le droit de vote en France le 21 avril 1944.
Cet instrument d’expression politique n’a pas été nié aux femmes parce qu’elles s’identifiaient en tant que femmes — une femme des années 20 ne comprendraient même pas ce que nous voudrions dire par là — pas parce qu’elles ne faisaient pas l’effort de se déguiser en hommes, pas parce qu’elles se présentaient aux urnes avec les mauvais pronoms. Non, il leur été interdit tout simplement parce qu’elles étaient femmes — des êtres humains adultes de sexe féminin.
Aujourd’hui, nous femmes représentons presque 54% de l’électorat national.
Derrière un front uni, nous femmes pourrions décider du sort de toutes les élections nationales et supranationales de ce pays.
Les partis français sont-ils à la hauteur des besoins politiques féminins ?
Y’a-t-il même un seul parti qui fasse de l’éradication de la violence masculine envers les femmes sa priorité ?
Non.
Tous sont par contre prêts à instrumentaliser le vote féminin, à commencer par des partis de gauche réunis sous la bannière du Nouveau Front Populaire qui se présente comme unique rempart contre l’avancée de l’extrême droit misogyne, Rassemblement National en tête.
Brandir uniquement les dangers que pose l’extrême-droite aux droits des femmes ne peut être un argument de campagne lorsque soi-même on nie l’existence des femmes, la différence irréductible des deux sexes et l’impact politique, en plus de celui biologique, du sexe humain. Proposer un changement d’état civil et donc de sexe par simple passage en mairie comme le propose le programme du Nouveau Front Populaire c’est introduire des hommes dans les prisons pour femmes, nier des chances aux sportives, mais aussi mettre fin aux lois de parité politique ; c’est nier la sexualité lesbienne. C’est nier l’Histoire des Femmes en France, revenir sur les statistiques présentées au début, car tout simplement impossible à relever ou bien faussées par l’implémentation d’un tel programme. C’est nier que les viols ont lieu dans un sens et pas dans un autre, que les hommes en sont responsables, les femmes et filles victimes. C’est rendre inconcevable juridiquement le féminicide.
Nous observons que la gauche n’ait pas pris ses responsabilités pour la montée de l’extrême droite. À l’heure où une Giorgia Meloni obtient un succès politique fulgurant à l’échelle européenne après des discours d’une simplicité abrutissante — « Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère » — la gauche n’a toujours pas compris le rôle de la question trans dans son échec électoral cuisant à travers l’Europe.
Si seulement ces partis de gauche et autres bien-pensants étaient effectivement impliqués dans la lutte contre l’extrême droite, ils auraient pris des mesures judiciaires pour rendre ces partis hors-la-loi, entérinant ainsi leur statut anti-démocratique au lieu d’en faire un simple slogan politique racoleur.
Nous craignons de plus une dénonciation sélective du racisme et de l’exploitation humaine, dénoncée lorsqu’elle touche les hommes, promue lorsqu’elle touche les femmes. Nous craignons, mais non par « phobie », mais par expérience, que « la filiation par reconnaissance comme principe par défaut » ouvre la porte à la gestation pour autrui, un insupportable commerce de femmes et d’enfants. Nous notons qu’il n’y a pas un seul mot sur la prostitution dans le programme.
Nous regrettons que Le Contrat Sexuel dénoncé par la politiste Carole Pateman en 1988, c’est-à-dire la répartition des femmes d’un commun accord entre hommes, soit toujours d’actualité aujourd’hui.
Un côté renvoie les femmes à la maison, l’autre relâche des hommes dans le vestiaire des femmes.
Nous femmes connaissons les stratégies des agresseurs et nous avons bien appris nos leçons politiques.
Brandir un danger pour mieux imposer ses conditions est une stratégie de contrôle masculine. Le Nouveau Front Populaire reproduit aujourd’hui au niveau collectif une attitude individuelle d’homme violent qui justifie son comportement en pointant du doigt plus violent que soit. Les premières à avoir alerté sur l’articulation entre le privé et le politique, nous féministes, ne sommes pas dupes.
Faire barrage, faire barrage… nous ne sommes pas des digues.
Écrit le 16 juin 2024.
Il était destiné à un collectif mais n’a pas été utilisé, je le reproduis donc ici sur mon site.
Par mes circonstances personnelles je n’ai pas pu suivre de très près le débat politique depuis l’écriture de ce texte. S’il s’avère que certaines de mes affirmations sont fausses, je m’en excuse par avance et confie en mes lectrices pour me le signaler.
Je remercie ma mère pour m’avoir suggéré l’argument sur l’interdiction juridique.
